Débat entre Alexandre Ouizille et Sophie Taillé-Polian. Le premier promeut une garantie d’emploi vert pour mettre fin au chômage de longue durée. La seconde défend le revenu universel d’existence, présenté comme une « grande protection » pour une « grande transition ».
Comment « dynamiter la marchandisation du travail » ? Tous deux d’accord pour éviter l’austérité et employer des moyens publics nouveaux pour mettre fin au chômage de masse, nos invités privilégient des voies différentes.
Alexandre Ouizille est le président du think tank Hémisphère gauche, qui s’est associé à l’Institut Rousseau pour promouvoir une garantie d’emploi vert (voir leur site). La mesure, appuyée sur des dispositifs existants qu’elle ferait monter en puissance, se veut le premier jalon d’un projet plus vaste, défendu notamment par les partisans d’un Green New Deal aux États-Unis. Comme l’explique Romaric Godin sur son blog, les tenants de la « théorie moderne de la monnaie » estiment que la puissance publique peut se donner les moyens de garantir le plein emploi en proposant, sur la base du volontariat, un travail rémunéré décemment à tous ceux qui en sont dépourvus.
Sophie Taillé-Polian, sénatrice du Val-de-Marne et coordinatrice du parti Génération.s, voit bien l’intérêt de la mesure mais souligne l’ambition émancipatrice plus forte du revenu universel d’existence. Droit inconditionnel de chaque citoyen, ce revenu offrirait une protection sociale adaptée à la « grande transition » que doit accomplir notre économie, beaucoup trop prédatrice de ressources et destructrice du climat. L’élue défend l’intérêt d’un tel dispositif face à son contradicteur, qui doute de sa viabilité politique et le juge disproportionné par rapport aux protections ciblées à apporter. Alexandre Ouizille préfèrerait une garantie d’emploi toujours plus étendue, avec un revenu de base « subsidiaire » uniquement lorsqu’il n’y aurait pas d’autre solution.
Sur le sujet, voir aussi nos entretiens filmés avec Bernard Friot et Frédéric Lordon, porteurs de propositions à la visée plus directement anticapitaliste.