Les gauches, notamment les écologistes, socialistes et communistes, lancent un appel pour créer les conditions d’un rassemblement afin d’éviter une division lors des élections régionales de 2021 dans le Nord, face au RN et à Xavier Bertrand.
Nous, les Hauts-de-France : des cités populaires aux grands ports du Nord, du cœur des métropoles aux territoires frontaliers, de la Baie de Somme aux plaines agricoles et au bassin minier, des bords de l’Escaut à ceux de l’Aisne et de l’Oise, nous sommes fiers de notre région, de son histoire plurielle, souvent meurtrie, et de sa culture singulière, toujours chaleureuse.
Nous appelons à l’unité de projet et d’action pour changer son avenir qui s’assombrit.
Il n’est de richesse que d’hommes. Pourtant, notre région est frappée d’une crise de vitalité : elle se vide et se dépeuple. Alors qu’elle comptait plus de 6 millions d’habitants en 2015, les Hauts-de-France sont désormais en voie de rétrécissement avec une population totale qui est passée sous les 6 millions d’habitants et qui perd, cette année, sa troisième place au niveau national en termes démographiques. Les territoires ruraux sont les premiers touchés. La faute à une politique régionale qui a négligé l’attractivité économique, environnementale et culturelle et a laissé partir nos talents.
Notre région est en mauvaise santé. Elle est malade de la pollution de l’air, des sols et des sous-sols. Naître dans les Hauts-de-France c’est, aujourd’hui, avoir l’espérance de vie la plus faible de tout l’Hexagone. En rupture avec les majorités précédentes, aucune politique de santé d’envergure n’a été mise en place durant cinq ans à l’échelle régionale pour lutter contre cette mortalité précoce. La prévention est faible, les déserts médicaux s’étendent, les maternités ferment, les hôpitaux sont saturés et la région regarde ailleurs.
Notre région continue de souffrir, plus que d’autres, d’un chômage massif et de taux records de précarité et de pauvreté dévastateurs pour la cohésion sociale. Dans ce domaine, le président de région semble faire mais en réalité fait semblant. La politique de la région en matière d’emploi est une gabegie financière et un échec économique. Gabegie financière car la région a dupliqué, sans aucune coordination et sans résultat probant, le service public national de l’emploi créant un avatar régional de Pôle emploi baptisé Proch’emploi. Proch’emploi, c’est Pôle emploi en moins : pas d’accompagnement des demandeurs d’emploi, une simple mise en relation et un nombre de retours à l’emploi au niveau régional artificiellement gonflé par des entrées nombreuses en contrats d’apprentissage courts et donc peu professionnalisants. La région ferait mieux de promouvoir des solutions innovantes comme, par exemple, un outil bancaire public régional finançant des projets utiles et créateurs d’emplois, à partir de critères écologiques et sociaux forts. Dans le même temps, la formation initiale a été délaissée avec notamment un sous-investissement de la région dans les lycées.
Notre région a aussi été privée d’ambition écologique alors même que les Hauts-de-France devraient être à l’avant-poste d’une écologie sociale exigeante et populaire. Exigeante, car la reconstruction écologique du pays implique de mettre la région au travail pour assurer la bascule dans un monde sans carbone. Populaire, car l’écologie du quotidien, c’est celle qui libère les habitants de la région des embouteillages sur leur trajet domicile-travail en leur offrant des solutions de transport en commun publiques, riches et diversifiées et en réduisant drastiquement le nombre de camions sur les routes par le ferroutage et le transport fluvial. C’est aussi celle qui permet de faire baisser la facture de chauffage par la rénovation thermique des logements et qui assure à tous une alimentation saine et de qualité. C’est enfin celle qui encourage le «vivre et travailler au pays» par le recours au télétravail, négocié avec les salariés, en assurant le financement de la construction d’espaces de travail partagés publics à proximité du lieu de résidence.
Nous, élus, citoyens volontaires, femmes et hommes libres, nous refusons que notre région continue de s’effacer et soit prisonnière de dogmes libéraux et d’un modèle de pensée, de gouvernance et de gestion périmé. Nous voulons redevenir la locomotive du pays, une région exemplaire pour son excellence sociale, environnementale, culturelle, numérique. Une région qui mise sur ses atouts et notamment son industrie mise en action pour accompagner les transitions à venir.
Nos priorités sont claires. Il s’agit de surmonter la crise sanitaire, économique et sociale issue de l’épidémie de la Covid-19, d’éviter la catastrophe climatique et d’empêcher le grand bond en arrière démocratique que constituerait la conquête de notre région par le Rassemblement national.
Pour ce faire, nous nous engageons dans la création d’un mouvement citoyen, de la gauche et de l’écologie, unitaire, qui portera les espoirs d’une reconstruction environnementale et sociale aux élections régionales de 2021 et permettra le dépassement des rivalités de personnes.
Nous, les Hauts-de-France ! sera le lieu de l’enthousiasme collectif, du travail civique, du débat et de l’action pour l’avenir de notre région et de ses habitants.